La SNSM en Nouvelle-Calédonie

Comme toutes les struc­tures SNSM d’outre-mer, les cinq stations de Nouvelle-Calé­do­nie ont des parti­cu­la­ri­tés liées à l’en­vi­ron­ne­ment et aux spéci­fi­ci­tés de l’ar­chi­pel. Expli­ca­tions.

un bateau de plaisance dans la lagon
Le lagon calédonien est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Lors des navigations, il est important de respecter les nombreuses zones protégées. © Shutterstock.com

Située dans le sud-ouest de l’océan Paci­fique, au sud du Vanuatu, la Nouvelle-Calé­do­nie se trouve à 1 210 kilo­mètres à l’est de l’Aus­tra­lie et à 17 000 kilo­mètres de la France métro­po­li­taine. L’ar­chi­pel comprend l’île prin­ci­pale de la Grande Terre, les îles Loyauté, Ches­ter­field, l’île des Pins, l’ar­chi­pel des Bélep et quelques îlots recu­lés.

C’est en 2001 qu’est créée la Section de Secours en Mer à Nouméa, qui sera affi­liée à la SNSM dès 2004. Ainsi est née la station SNSM de Nouméa, la toute première en Nouvelle-Calé­do­nie. Par la suite, trois struc­tures de sauve­tage s’im­plan­te­ront sur les communes de Koumac, Lifou et Thio. La petite dernière, à Boulou­pa­ris, a été offi­ciel­le­ment inau­gu­rée en 2020 (cf. Sauve­tage n° 151– p 42).

Carte d’implantation des cinq stations SNSM de Nouvelle-Calédonie.© SNSM
Implan­ta­tion des cinq stations SNSM de Nouvelle-Calé­do­nie. © SNSM


Le sauve­tage en mer orga­nisé autour du MRCC

En Nouvelle-Calé­do­nie, les opéra­tions de secours en mer sont coor­don­nées par le mari­time rescue coor­di­na­tion center ou centre de coor­di­na­tion du sauve­tage mari­time (MRCC), sous la respon­sa­bi­lité du Haut-commis­saire de la Répu­blique et du gouver­ne­ment de la Nouvelle-Calé­do­nie, ainsi que sous l’au­to­rité du comman­dant de zone mari­time. Le MRCC assure l’en­semble des missions dévo­lues aux centres régio­naux opéra­tion­nels de surveillance et de sauve­tage (CROSS) en métro­pole et solli­cite tous les dispo­si­tifs de secours en mer, dont les cinq stations de sauve­tage de la SNSM. « Nos rela­tions avec le MRCC sont excel­lentes. Les efforts et le sérieux de nos béné­voles ont permis de créer des liens de confiance », décrit Josep Lluis Bernabé-Guinot, le délé­gué adjoint à la délé­ga­tion SNSM de Nouvelle-Calé­do­nie.

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Opéra­tion d’hé­li­treuillage. Les secours s’en­traînent tout au long de l’an­née. © SNSM

Auto­no­mie et adap­ta­bi­lité

L’in­su­la­rité de la Nouvelle-Calé­do­nie et la distance qui la sépare des infra­struc­tures métro­po­li­taines obligent les sauve­teurs calé­do­niens à une plus grande auto­no­mie, notam­ment en matière de forma­tion et d’en­tre­tien de la flotte. Amenés à travailler avec l’en­semble des inter­ve­nants de la région, les sauve­teurs doivent connaître toutes les règles et parti­cu­la­ri­tés locales. Par exemple, s’agis­sant d’équi­pe­ments indi­vi­duels et collec­tifs, les normes des pays voisins – Austra­lie et Nouvelle-Zélande – sont accep­tées, à l’ins­tar des normes euro­péennes CE. Seul le maté­riel de radio­com­mu­ni­ca­tion, qui relève d’une compé­tence parta­gée avec l’État, est exclu de cette dispo­si­tion et doit répondre aux normes euro­péennes.

Un lagon à préser­ver

À la pointe méri­dio­nale de la Grande Terre, le Grand lagon Sud abrite la deuxième plus longue barrière de corail au monde – 1 600 kilo­mètres –, et fait partie des six lagons inscrits au patri­moine mondial de l’Unesco en raison de son incroyable biodi­ver­sité. La Nouvelle-Calé­do­nie offre un lieu de navi­ga­tion idéal, avec de nombreuses zones proté­gées. Des récifs d’En­tre­cas­teaux au Grand lagon Sud, en passant par les zones côtières ouest, nord et est, sillon­ner les eaux calé­do­niennes invite à prendre conscience de la richesse de ce patri­moine et de la néces­sité de le proté­ger. « On navigue en respec­tant l’en­vi­ron­ne­ment, avec conscience de la valeur univer­selle de ce qui nous entoure », précise Raphaël Riquet, le président de la station SNSM de Nouméa. Un guide du lagon présen­tant l’en­semble des direc­tives envi­ron­ne­men­tales, notam­ment en province Sud, est télé­char­geable ici

équipiers sauveteurs en mer de Lifou en nouvelle calédonie
Une partie de l’équi­page de Lifou. © SNSM

Cinq stations au service de la popu­la­tion

La SNSM compte près de cent béné­voles, répar­tis au sein des cinq stations implan­tées sur la Grande Terre et les îles. Les béné­voles de la délé­ga­tion Nouvelle-Calé­do­nie se retrouvent régu­liè­re­ment à Nouméa pour effec­tuer des forma­tions ou parti­ci­per aux grands événe­ments annuels, le Trail des Sauve­teurs en Mer et les Jour­nées natio­nales des Sauve­teurs en Mer.

Inau­gu­rée il y a deux ans, la station de Boulou­pa­ris assure une dizaine de sauve­tages annuels, à bord de sa vedette de deuxième classe Croix-du-Sud. « Nos béné­voles sont très moti­vés et profes­sion­nels, ce qui a amené certaines communes à s’in­té­res­ser de plus près à notre travail et à nous soute­nir finan­ciè­re­ment », confie leur président, Bernard Lepron.

Koumac est la plus petite station de l’île prin­ci­pale. Équi­pée d’un semi-rigide de 7,50 m, elle est dans l’at­tente d’une nouvelle embar­ca­tion et d’un local au nord de la Grande Terre. Une situa­tion qui n’en­tache en rien son enthou­siasme pour appor­ter de l’aide aux autres, comme en témoigne le président, Didier Fontes : « Nous sommes une dizaine à la station SNSM. C’est un peu diffi­cile de trou­ver de nouveaux béné­voles, mais nous restons posi­tifs et toujours aussi moti­vés ! »

À Wé – Lifou, durant le pic de Covid-19, les dessertes avion et bateau n’étaient plus assu­rées. La SNSM a pris le relais concer­nant la livrai­son de denrées alimen­taires, ainsi que le trans­port de personnes bles­sées et/ou malades. « Notre acti­vité a suscité des voca­tions. Des jeunes de l’île d’Ou­véa sont venus suivre une forma­tion à nos côtés en vue d’ou­vrir une station. De plus en plus de candi­dats souhaitent désor­mais deve­nir sauve­teurs », se réjouit Johny Wenissö, le président.

La station de Thio a bien des points communs avec celle de Wé – Lifou. Elle compte une ving­taine de béné­voles. « Durant la crise de Covid-19, nous avons mis notre semi-rigide au caré­nage à Nouméa. Même sans bateau, nous avons conti­nué de rester au service de la popu­la­tion en faisant de la surveillance ou des dépan­nages, avec nos propres moyens », nous confie Everick Chamoinri, le président local.

équipiers sauveteurs en mer de Thio en nouvelle calédonie
Une partie des béné­voles de Thio. © SNSM

Enfin, la station de Nouméa, rassem­blant trente personnes, est la plus active. « En 2021, même si nous avons vécu deux confi­ne­ments, nous avons réalisé soixante-trois opéra­tions de sauve­tage. Autant qu’une année complète ! 80 % des inter­ven­tions de la délé­ga­tion étaient concen­trés sur le Grand Nouméa, prin­ci­pa­le­ment des pannes et des échoue­ments – avant la pandé­mie, il s’agis­sait essen­tiel­le­ment d’éva­cua­tions sani­taires auprès de paque­bots de tourisme », conclut le président de la station de Nouméa.

Une acti­vité de sauve­tage insu­laire dense, gérée par des béné­voles dyna­miques et enga­gés au service des autres et du respect de l’en­vi­ron­ne­ment.

Retrou­vez le portrait de Raphaël Riquet, président de la station de Nouméa.

 


Des condi­tions de navi­ga­tion et une légis­la­tion diffé­rentes

Compé­tence de la Nouvelle-Calé­do­nie depuis 2009, la régle­men­ta­tion sur la sécu­rité et l’ha­bi­ta­bi­lité des navires profes­sion­nels s’ap­puie sur des textes métro­po­li­tains, peu adap­tés au contexte local. Les règles d’ins­pec­tion et de contrôle de la confor­mité des navires sont plus souples, avec des visites program­mées tous les deux à trois ans, et non tous les ans. Il est forte­ment recom­mandé de suivre scru­pu­leu­se­ment les consignes de sécu­rité, notam­ment en périodes cyclo­niques (de mi-novembre à mi-avril), durant lesquelles il est systé­ma­tique­ment rappelé aux plai­san­ciers de ne pas effec­tuer de sorties en mer, de véri­fier les amar­rages des embar­ca­tions et de se mettre à l’abri.

Le guide de la sécu­rité en mer

En douze chapitres et une cinquan­taine de pages, un guide édité par le gouver­ne­ment de la Nouvelle-Calé­do­nie rassemble l’es­sen­tiel des règles
et bonnes pratiques à adop­ter en mer. Le premier conseil ? Consul­ter le bulle­tin météo avant le départ et pendant la sortie, grâce à la VHF.
À télé­char­ger sur le site de la direc­tion des Affaires mari­times.



Article rédigé par Clau­dia Rizet-Blan­cher, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°159 (1er trimestre 2022)