Un véliplanchiste sauvé de nuit grâce à sa balise satellite

Un véli­plan­chiste indis­ci­pliné navi­guait à l’ex­té­rieur du lagon calé­do­nien. Parti au large, il a pu trans­mettre son alerte au secours et sa posi­tion grâce à une mini-balise satel­lite.

Un véliplanchiste et un coucher de soleil
Un véliplanchiste aguerri a été pris au piège par la nuit hors de la Grande barrière de corail de Nouvelle-Calédonie © Marianne Cossin

On peut être un plan­chiste confirmé, membre du comité direc­teur de l’Asso­cia­tion calé­do­nienne de planche à voile (ACPV) – dont est issu, au milieu des années 90, le célèbre cham­pion du monde de wind­surf Robert Terii­te­hau –, et devoir faire appel aux secours.

Le 12 mars 2022, il est 18 h 14 lorsque la station SNSM de Nouméa est aler­tée par l’ACPV. L’un de ses membres vient de lui envoyer, avec sa micro-balise satel­lite inReach, une posi­tion qui le situe bien en dehors du lagon, inco­hé­rente avec sa zone de navi­ga­tion, et il fait déjà nuit. À 18 h 39, le doute n’est plus permis avec la récep­tion d’un e-mail émis auto­ma­tique­ment par la balise, dont la touche S.O.S. a été acti­vée. La SNS 163 Nautile est enga­gée par le MRCC Nouméa (le centre de coor­di­na­tion de sauve­tage mari­time) à 18 h 43, et atteint la zone à 19 h 50. Elle entame les recherches.

Nouvelle posi­tion reçue à 20 h 11. La SNS 163 arrive à 20 h 23 au contact d’un véli­plan­chiste, qui se signale avec la lumière de son télé­phone portable ! Elle le récu­père, il s’agit bien de la personne recher­chée, qui n’avait plus assez de forces pour rentrer, mais elle va bien. Retour à Nouméa à 21 h 46, l’opé­ra­tion est close.

Un périple de plus de 40 milles

« Le véli­plan­chiste a dû parcou­rir près de 20 milles nautiques et se situait, à vol d’oi­seau, à 15 milles de la côte à l’ex­té­rieur de la Grande barrière de corail, explique Raphaël Riquet, président de la station SNSM de Nouméa. Je ne sais pas s’il était conscient du danger car il a quitté le club trois heures avant la nuit pour un périple prévu de plus de 40 milles nautiques [plus de 74 kilo­mètres, ndlr]. » La victime n’avait appa­rem­ment pas prévenu le club ni ses proches.

« J’étais parti­cu­liè­re­ment indis­ci­pliné, explique le véli­plan­chiste. J’avais pris pour habi­tude d’al­ler toujours plus loin et je navi­guais régu­liè­re­ment à l’ex­té­rieur du lagon, soit à plus de 13 milles nautiques des côtes. Mes amis de l’ACPV m’ont conseillé de m’équi­per d’un appa­reil Garmin inReach car, au-delà de la barrière de corail, le télé­phone ne passe plus. »

Dans les eaux calé­do­niennes, «  la préven­tion est essen­tiel­le­ment orien­tée autour du « risque requins », pour­suit le véli­plan­chiste. Pour le reste, elle se limite à rappe­ler aux pratiquants la régle­men­ta­tion appli­cable à la planche à voile, qui est de rester à moins de 2 milles nautiques d’un abri. Nous avons donc peu de problèmes de sécu­rité. »

« Ce fut une belle opéra­tion, à la fin heureuse grâce au port et à l’uti­li­sa­tion d’une balise dont très peu de pratiquants sont équi­pés, conclut Raphaël Riquet. Cette balise a faci­lité gran­de­ment l’alerte et la recherche dans cette zone non couverte par le réseau télé­pho­nique. Et cela malgré un non-respect des règles liées à la pratique de ce sport.  »

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type de sauve­tage. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !


 

Nos conseils pour pratiquer la planche à voile en tout sécu­rité

  • Véri­fiez votre maté­riel avant de prendre la mer
  • Marquez vos coor­don­nées sur votre équi­pe­ment, ce qui faci­lite le travail des secours en cas de maté­riel trouvé à la dérive.
  • Rensei­gnez-vous sur les condi­tions météo et les courants auprès du poste de secours. Atten­tion : l’état de la mer peut chan­ger rapi­de­ment. Soyez prudent par vent de terre !
  • D’une façon géné­rale, respec­tez les règles de navi­ga­tion. Dans la bande des 300 mètres, ne dépas­sez pas 5 nœuds Vous pouvez pratiquer la planche à voile jusqu’à 2 milles (un peu moins de 4 kilo­mètres).
  • Respec­tez les chenaux bali­sés pour ne pas bles­ser un baigneur et restez atten­tifs à l’ap­proche de la plage à un.e étourdi.e qui pour­rait se trou­ver dans votre chenal.
  • Evitez de faire de planche à voile seul. Vos amis pour­ront vous aider si besoin.
  • Le cas échéant, donnez l’heure de retour prévue à quelqu’un resté sur le rivage. En cas de retard inquié­tant, vos proches pour­ront déclen­cher les secours.
  • Comme pour la pratique de tous les sports nautiques, le port d’un gilet de flot­tai­son ou d’une combi­nai­son néoprène est obli­ga­toire.
  • Empor­tez des bâtons lumi­neux types Cyalume, permet­tant d’être repéré.e de loin et/ou quand il fait nuit.
  • Si vous pratiquez la planche à grande vitesse, notam­ment avec un foil, n’ou­bliez pas de porter un casque, comme sur un kite­surf. Atten­tion égale­ment à l’en­trée et à la sortie de l’eau : le foil consti­tue un réel danger pour les plan­chistes et les baigneurs.
  • Le grée­ment doit être rendu soli­daire de la planche. Prévoir un petit bout ou une garcette pour faci­li­ter l’ac­croche de la planche à un bateau en cas de remorquage (idéa­le­ment 4 m de long).
  • Ne quit­tez jamais votre planche à voile. En cas de problème, elle se repère plus faci­le­ment qu’un homme à la mer.

Équi­page engagé

Vedette de 1ère classe SNS 163 Nautile

Patron : Philippe Boudet

Nageurs de surface : Bernard Bertaud, Jean-Philippe Voll­mer

Équi­piers : Benja­min Chasles, Olivier Postiaux


Article rédigé par Domi­nique Malé­cot, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°160 (2ème trimestre 2022)